ROMA REALITIES Balkans

2006-2008

Une exposition de photos sur la situation des minorités roms du Sud-Est Européen.

Comment percevons-nous les Roms? L'idée que nous nous faisons d'eux reflète-t-elle fidèlement la diversité de ce peuple? Ou est-ce plutôt une caricature fondée sur des préjugés et de fausses vérités?
Voilà quelques-unes des questions que soulève «ROMA REALITIES», une exposition de photos itinérante produite par la Direction suisse du développement et de la coopération, une idée et une collaboration avec le photographe Yves Leresche.
L'exposition s'est fixé deux objectifs: d'une part, elle entend attirer l'attention sur la Décennie pour l'intégration des Roms 2005-2015, ses défis et ses objectifs; d'autre part, elle veut remettre en question l'idée répandue selon laquelle les Roms forment un groupe social et ethnique homogène, avec des caractéristiques bien définies et des habitudes apparemment immuables. Cette perception simplificatrice empêche en effet les Roms de faire progresser leur cause. Nous savons parfaitement que pour assurer aux Roms l'accès à l’éducation, au logement, à la santé et surtout à l'emploi, soit les grands objectifs de la Décennie des Roms, il ne suffit pas de veiller à  la bonne allocation des ressources et à la réalisation de projets adéquats. Il importe aussi de démonter les préjugés dont les Roms sont victimes et surmonter les barrières psychologiques et le racisme ordinaire.
La déségrégation par l'école est l'un des exemples frappants de ce processus. La création d'écoles mixtes, offrant le même apprentissage aux enfants Roms et non-Roms, se heurte souvent à  l'absence de volonté politique et populaire due à  la persistance d'idées reçues.

Le titre de l'exposition, «ROMA REALITIES», participe du constat. Un singulier n'aurait jamais pu résumer la situation des 5 à 7 millions de Roms qui vivent en Europe du Sud-Est. Car cette réalité est multiple.
De 2006 à 2008, le photographe suisse Yves Leresche s'est rendu à  maintes reprises dans les différentes communautés roms et a vécu avec eux en Albanie, en Macédoine, en Serbie, au Kosovo et en Roumanie.
Parmi eux, il a rencontré des activistes, des animateurs de radio, des ramasseurs de cartons, des musiciens, des mendiants, des réfugiés et des universitaires. Avec le temps, il est devenu leur ami ou, du moins un Gadjo respecté. Ce statut lui a permis de saisir les réalités roms de l'intérieur.
Les personnes ne posent pas, car les photos sont prises sur le vif, pour mieux refléter la vie quotidienne. L'auteur a surtout été touché par l'esprit de famille des Roms, leur capacité à survivre et leur immense dignité dans les situations les plus difficiles.
«Si l'on ne répond pas rapidement à  leurs besoins, les Roms deviendront une véritable bombe à retardement sociale et migratoire», déclare Yves Leresche en soulignant que, malgré la diversité de leur situation, ils sont tous victimes d'une marginalisation croissante en Europe du Sud-Est. Au cours des privatisations opérées au cours du passage de l'économie planifiée à l'économie de marché, les Roms ont souvent été les premiers à perdre leurs emplois. Leur manque de formation fait à présent de leur réinsertion sur le marché du travail un véritable combat insurmontable.
Par ailleurs, l'émergence du nationalisme et la discrimination des minorités, qui ont marqué l'Europe de l'Est des années 1990 aux débuts des années 2000, n'ont fait qu'accroître la pression sur les Roms. Nombre d'entre eux ont migré vers les grandes villes et vivent aujourd'hui dans des quartiers-bidonvilles où les infrastructures et les services publics sont absents.
Pour remédier à  cette situation, la Décennie pour les Roms visait avant tout à  leur offrir un meilleur accès à  l'éducation et aux nouvelles technologies de communication. L'exposition «ROMA REALITIES» montre aussi que des progrès ont été faits dans ce sens: dans nombre de pays, les Roms peuvent regarder ou écouter des émissions en romani, tandis que les raccordements à internet qui préservent les liens entre les membres de cette communauté dispersée sont aujourd'hui possible. Les réalités des Roms n'en restent pas moins variées et très contrastées. Le principal message de l'exposition, c'est que la situation des Roms ne se résume pas à de vieilles traditions ou à des habitudes profondément enracinées, car elle résulte avant tout des chances et des obstacles que les Roms rencontrent en participant à la société.

La Décennie des Roms
La Décennie pour l'intégration des Roms 2005-2015 concrétise l'engagement pris par les gouvernements d'Europe centrale et du Sud-Est pour promouvoir le statut socio-économique des Roms et leur intégration sociale dans un cadre régional.
La décennie met l'accent sur l'éducation, l'emploi, la santé et le logement, et exhorte les gouvernements à entreprendre des mesures dans le cadre de plans d'action nationaux. Pauvreté, discrimination et égalité des sexes comptent aussi parmi les priorités de la décennie.
Les organisations internationales qui soutiennent la Décennie pour l'intégration des Roms comprennent la Banque mondiale, l'Open Society Institute, le Programme des Nations unies pour le développement, le Conseil de l'Europe, nombre d'organismes roms et des donateurs bilatéraux, dont la Suisse.